COLLOQUE INTERNATIONAL MAX ET IRIS STERN 6 L’exposition mise en œuvre (2)

Le 30 et 31 mars dernier, le Musée d’art contemporain de Montréal a présenté

« L’exposition mise en œuvre (2) », second volet d’une série d’événements consacrés à la théorie et à la pratique du commissariat en art contemporain. Le MACM souhaitait présenter la réflexion de spécialistes internationaux portant un regard critique sur les enjeux liés à la pratique de commissariat d’exposition dans une perspective historique, particulièrement depuis 1990.

Jens Hoffman, directeur du Wattis Institute for Contemporary Arts, San Francisco, nous a présenté un cours panorama des expositions et biennales significatives depuis la fin des années 80. Il a mis en lumière la rencontre de deux univers artistiques parallèles (art central vs art marginal). Car en dehors du circuit occidental (art central), s’est développée une série de biennales porteuses d’un nouveau sens. Istanbul, La Havane et Sao Paulo sont significatives en ce sens. Jens Hauffman est également l’auteur du livre à paraître cet automne « Show Time » qui retracera l’histoire des expositions de 1990 à aujourd’hui.

Rosa Greenberg, historienne de l’art et professeure adjointe à l’Université d’Ottawa, nous a parlé de la genèse et des répercussions de son livre « Thinking about exhibition », 1996, qui a fait sa place dans les bibliographies des commissaires. Elle a également souligné la difficulté de réaliser de tels ouvrages, car la tâche de retrouver les œuvres et d’ensuite obtenir les droits de reproduction est énorme et peut mettre en péril la publication de livres traitant des expositions.

Le sympathique Hou Hanru, directeur des expositions et des programmes publics du San Francisco Art Institute, nous a également offert son regard sur les expositions marquantes des 20 dernières années. Il a discuté de la mise en œuvre d’exposition comme une plateforme pour créer de nouvelles idées, de nouvelles communautés. Derrière l’objet d’art, il y a l’action. L’action qui prend racine dans la communauté et sa réalité urbaine. Le dialogue qui se cré produit un sens et sort l’objet d’art de son piédestal, de son cube blanc. Hou Hanru a souligné l’importance des biennales de La Havane et d’Istanbul comme des événements importants qui influe du nouveau sang dans le circuit international.

Florence Derieux nous en mit en lumière les origines du rôle que porte maintenant le commissaire d’exposition. Au début du XXe siècle, les expositions étaient montées par les artistes eux-mêmes ou bien par des collectionneurs. Ensuite les conservateurs, travaillant pour les institutions muséales, ont pris la relève avec comme objectif de mettre en valeur les collections. En 1972, Harald Szeemann, curateur de la Bienale Documenta 5, marqua le début d’une nouvelle ère avec un débat qui dure encore aujourd’hui. C’est-à-dire que le commissaire est un auteur en part entière et que ses interventions sont tout aussi pertinentes que les artistes exposés, quitte à leur porter ombrage. Il peut même porter plusieurs chapeaux, tel que curateur – artiste  - critique.

Ce magnifique symposium m’a sensibilisé aux enjeux liés à l’exposition d’œuvre d’art ainsi qu’à la pertinence de celle-ci dans un contexte historique et social. N’ayant pas encore touché à ce type d’exposition, je souhaite avoir bientôt l’occasion de m’y frotter! En attendant, je vous invite à visiter la nouvelle collection permanente d’art québécois et canadien du Musée des beaux-arts de Montréal. Elle a été brillamment mise en espace par Daniel Castonguay. Un excellent travail de scénographe!